dimanche 17 octobre 2010

Gogol on ice (Le Mariage, Théâtre de la Ville, 30 septembre 2010)


mise en scène
Valery Fokine
décor, costumes
Alexandre Borovsky
musique
Léonide Dessiatnikov
direction musicale, assistant à la mise en scène
Ivan Blagodeur
lumières
Damir Ismaguilov
chorégraphie
Alexey Mirochnitchenko
assistant réalisateur
Ludmila Philippova

avec
Julia Martchenko, Kira Kreylis-Petrova, Maria Kouznetsova, Igor Volkov, Dimitri Lyssenkov, Pavel Yourinov, Andrey Matukov, Valentin Zakharov, Galina Legorova, Julia Sokolova, Arkady Volguine, Sviatoslav Tcherechnitchenko, Ivan Parchine


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Un homme déjà mûr, célibataire endurci, qui refuse de se marier, par peur des autres et de lui-même, une jeune fille qui n'a aucune confiance en personne, une marieuse à qui seule la vodka fait de l'effet, une série de prétendants plus égoïstes et insupportables les uns que les autres...telle est la galerie de portraits de la Russie profonde que Gogol nous invite à contempler, avec sa plume toujours aussi acérée, qui peu à peu virevolte et se fait poétique. Mais est-ce pour autant un regard distancié sur la Russie éternelle que le spectateur doit avoir? En quoi cette mascarade autour d'unions arrangées nous parle-t-elle toujours autant?

Le tour de force de la mise en scène enjouée de Valery Fokine est d'imaginer un espace clos où tous ces destins se rencontrent, non seulement au gré du "cérémonial" (chacun doit se présenter tour à tour), mais au gré des caprices, des rivalités, des prétentions, des volontés...et aussi du hasard! Quel espace métaphorique, à la fois mental et physique, se prêtait mieux à cela qu'une patinoire? Les destins glissent, s'entrechoquent, dérapent, freinent...L'idée paraît évidente, ce qui est la force des bonnes idées! Belle virtuosité gestuelle et chorégraphique, lisibilité, fluidité de l'action: le spectateur y gagne énormément, qui n'épargne pas ses éclats de rire. Mais chez Gogol, le rire est souvent cynique, l'amertume n'est jamais loin, ce que souligne le dénouement de la pièce. Les vieilles chansons populaires et soviétiques, comme "crachées" par un grammophone, soulignent cet entre-deux, entre tendresse et cruauté, que les personnages dégagent.

Un excellent moment de véritable théâtre de troupe (le théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg), avec une mise en scène inventive, virtuose, habile synthèse entre l'esprit russe de toujours (où le burlesque et le grotesque ne sont jamais loin) et un regard neuf.

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