samedi 9 janvier 2010

ZeRIFIFIrelli


Quand Franco Zeffirelli arrêtera-t-il de répandre dans les médias sa bile sénile? Trop, c'est trop! Après avoir qualifié Luc Bondy, coupable d'avoir "commis" une mise en scène de Tosca remplaçant la sienne, de "metteur en scène de seconde zone" (comparons un moment la mise en scène de Don Carlos par Bondy au Châtelet, et celle d'Aida par Zeffirelli à la Scala!), c'est au tour d'une soprano très estimée, Daniela Dessì, d'être victime du comportement peu élégant de celui qui fut l'assistant de Visconti - et aurait dû le rester éternellement!
Zeffirelli devait la "mettre en scène" à Rome pour la Traviata, et s'est exprimé ainsi dans la presse: "une femme d'un certain âge et un peu rondelette n'est pas crédible en Violetta". On croit rêver quand on voit la plupart des mises en scène de cet homme, peu soucieuses de crédibilité théâtrale. Et on croit aussi rêver quand on regarde Daniela Dessì, qui manifestement a toujours pris soin de sa personne, et n'est en rien une baleine! Et quel manque de respect pour une chanteuse qui, sans être géniale, a toujours mené une carrière exemplaire dans les rôles les plus dificiles, sans jamais tricher!
Daniela Dessì a donc décidé de se retirer de la production. Bien lui en a pris. Zeffirelli n'en démord pas. Quand arrêtera-t-on d'écouter et de donner libre tribune à cette personne qui manifestement ne sait faire partager que son aigreur?


http://http//danieladessifanpage.blogspot.com/2010/01/soprano-daniela-dessi-quits-opera-after.html?spref=fb

vendredi 8 janvier 2010

TOP 10: 6.Masurca Fogo au Théâtre de la Ville


Quelques jours (semaines?) avant d'assister à ce spectacle au Théâtre de la Ville, nous apprenions le décès de l'immense chorégraphe Pina Bausch. Je n'ai malheureusement pas (encore) vu beaucoup de ses créations, à part sur Youtube, mais cet univers me parle, fait de grâce infinie, d'émotion, de pureté, mais aussi d'un humour et d'une distanciation extraordinaires, le tout dans un habillage esthétique absolument magnifique...Je dois à cette femme deux de mes plus grandes émotions artistiques: la scéance inaugurale de Parle avec elle de Pedro Almodovar, où Pina Bausch danse elle-même Café Muller, sur la plainte de Fairy Queen de Purcell. Une danse venue d'ailleurs, extrêmement corporelle, comme un langage d'une morte qui revient parmi les vivants. La deuxième émotion extrême qui m'a étreint fut provoquée par son Orphée et Eurydice de Gluck à l'Opéra Garnier: la beauté de la scénographie, ainsi que la perfection de la chorégraphie, répondaient idéalement à la splendeur de la musique de Gluck, ce qui m'a totalement fait rendre les armes.
Pina Bausch n'est plus, mais son esprit demeure, la preuve avec cette magnifique soirée au Théâtre de la Ville, avec une troupe en état de grâce: à l'humour très théâtral et extrêmement fin de la première partie de cette promenade sur une plage portugaise, sur des rythmes de fado et de musique latino, répondait une seconde partie de pure beauté, où le temps paraissait comme suspendu et où l'humour laissait place à une profonde émotion.
Merci, Pina.


mercredi 6 janvier 2010

FLOP 5: 4.Annick Massis au TCE




On attendait beaucoup du "retour" d'Annick Massis, (trop) rare sur nos scènes, à Paris; déjà, le programme, peu fourni, avait quelque peu refroidi. Mais ce ne fut rien par rapport à la déception du récital en lui-même: une "petite table" attaquée sur des oeufs, un air de Leïla (dans Les Pêcheurs de Perles de Bizet) nettement meilleur mais en panne de rayonnement...Le plus dur restait à venir, hélas, avec l'air du poison de Juliette mettant la chanteuse en grande difficulté. On pensait que l'entracte allait "libérer" la chanteuse, qui semblait particulièrement tendue, en manque de repères, de confiance: il n'en fut rien, la seconde partie débuta de la plus catastrophique des façons, par une attaque complètement ratée de l'air de la Sonnambula, doublée d'une cabalette toute en panique. L'air de Sémiramis ne la mit pas plus en confiance. En bis, une petite cabalette de Lucia, et puis s'en va. Une attitude s'excusant d'être sur scène...Des notes finales tenues trop longtemps, la limite de la faute de goût étant franchie...La chanteuse semblait perdue.

Plus tard, nous avons appris qu'elle était malade. Espérons qu'elle ne regrettera pas d'avoir fait le choix de chanter quand-même; soulignons son courage de n'avoir pas fait d'annonce, d'avoir été au bout de ce concert, alors qu'elle n'avait rien à y gagner; et souhaitons-lui une revanche lors d'un récital ou d'une production scénique rendant justice à son talent.

TOP 10: 7.Le Roi Roger à l'Opéra Bastille

Magnifique surprise que cette production du Roi Roger de Szymanowski à l'Opéra Bastille! Pour la dernière production lyrique de son mandat, Gerard Mortier a mis les petits plats dans les grands: une oeuvre du XXème siècle, injustement méconnue, absolument superbe, mêlant influences de Strauss, orientalisme et musique liturgique dans un langage extrêmement personnel, avec un livret certes moyennement efficace dramatiquement, mais très évocateur et moderne (sorte de Théorème avant l'heure racontant l'histoire d'un Roi et d'une Reine qui tombent sous l'influence d'un troublant personnage de Berger); une mise en scène une nouvelle fois superbe visuellement, truffée de références complexes, et du coup passionnante de Krzystof Warlikowski, directeur d'acteurs exceptionnel; et une équipe musicale absolument parfaite, menée de main de maître par le chef Kazushi Ono, avec des chanteurs extraordinaires: Mariusz Kwiecien (Roi Roger autoritaire et vulnérable à la fois, superbe de plastique comme de chant), Olga Pasychnik (Roxana ardente et capiteuse à souhait, à la voix envoûtante), Eric Cutler (Berger ambigu à souhait, à la voix incroyablement facile) et Stefan Margita (Idrisii tirant toutes les ficelles, insolent vocalement). Une magnifique découverte.


mardi 5 janvier 2010

Fabuleuse Ceci!

Voilà ce qu'est capable de faire Cecilia Bartoli, après une journée de migraine, et 2 heures d'un concert au programme plus que généreux. Proprement exceptionnel et inhumain. Bravissima!

(TCE, 20 novembre 2009)

dimanche 3 janvier 2010

TOP 10: 8.Don Carlo à Covent Garden


Une affiche prestigieuse qui a tenu toutes ses promesses, dans les ors de Covent Garden, qui ont connu 51 ans plus tôt une production de Don Carlo de légende, réglée par Visconti, avec Jon Vickers, Gré Brouwenstijn, Tito Gobbi et Boris Christoff, entre autres. Eh bien l'équipe réunie à Londres prouve qu'il est possible de distribuer, et magnifiquement, un grand Verdi de nos jours!

Jonas Kaufmann est éblouissant dans le rôle titre, si fin musicien, si nuancé, si à fleur de peau, si magnifique dans son incarnation, si noble aussi...trop parfait? On sent davantage la sensibilité que la fêlure originelle. Mais que de sortilèges dans son chant! Et se plaindra-t-on d'avoir un chanteur trop parfait? A côté de lui, la révélation Marina Poplavskaya, en très gros progrès, port de reine, voix ample et veloutée; Simon Keenlyside en forme exceptionnelle, débordant de vie, de conviction, d'insolence, rendant Posa passionnant de bout en bout; Marianne Cornetti rend entière justice à la tessiture meurtrière et à l'écriture dramatique d'Eboli, assumées avec une arrogance vocale exceptionnelle. Seul point faible de la distribution, Ferrucio Furlanetto qui, s'il connaît son rôle sur le bout des doigts, ne peut camoufler le poids des ans et l'incapacité à se "tenir" stylistiquement au même niveau (exceptionnel il est vrai) que les autres protagonistes. Bychkov sait montrer les mille détails et subtilités de la partition orchestrale, trop sous-estimée encore, et porte les chanteurs à un niveau unique. Une production de Nicholas Hytner qui ne restera pas dans les annales, mais au moins est bien dirigée, et fait exister chaque personnage.

FLOP 5: 5.Les souffrances du jeune Rolando (Werther à l'Opéra Bastille)




Soirée très particulière et prélude à de nombreuses souffrances de la part du spectateur à l'Opéra Bastille à l'occasion de ce Werther. Les échos de la répétition générale étaient catastrophiques, Rolando Villazon, le célèbre ténor mexicain, étant en extrême difficulté, incapable d'arquer le moindre son. Quelle ne fut pas mon extrême surprise de constater qu'au 1er acte, tout était quasi intact: la voix, chaude et ronde, le phrasé, parfois miraculeux, la musicalité, exceptionnelle! Hélas! Trois fois hélas! Cet état de grâce ne dura pas, et plongea Beckmesser dans un état de souffrance totalement indescriptible: phrases hâchées, emportées à l'arrachée, notes aigues craquées, trop basses ou carrément esquivées (voir à 3'11 sur la vidéo), panique perceptible de la part du chanteur, français devenu incompréhensible...tout ce que l'on n'aime pas voir à l'opéra! Ajoutons à cela une dimension "sacrificielle" soulignant de manière totalement effrayante le parallèle entre le personnage, Werther, et le chanteur qui se consume littéralement sur scène, et qui y laisse sa peau. Après cette prodution, Villazon a mis sa carrière entre parenthèses. Souhaitons-lui plus de "sagesse" et de prudence à l'avenir, et un prompt rétablissement.

TOP 10: 9.Pollini Perspectives à la Salle Pleyel



Maurizio Pollini est un artiste fascinant, qui se remet toujours en question, explore sans arrêt de nouveaux horizons. Son "intellectualisme", cette présupposée "froideur" détachée, en ont fait fuir plus d'un. Mais qui pense cela n'a pas entendu au moins deux concerts de son fabuleux cycle "Pollini Perspectives", où justement, le pianiste met en perspective des oeuvres du grand répertoire et des oeuvres plus contemporaines. Le 31 mars, en compagnie de la soprano Petra Lang et de l'Ensemble Intercontemporain dirigé par Pierre Boulez, un concert "Ecole de Vienne" (Schönberg, Berg, Webern) éblouit l'assistance. Et que dire du concert du 13 octobre! Des Chopin sombres et violents, dominés par une Sonate n°2 (la fameuse "Marche funèbre) d'une profondeur inouïe, et mis en perspective avec des oeuvres de Luigi Nono, dont deux sont d'authentiques bijoux: "...sofferte onde serene" où le pianiste se met lui-même en perspective, se retrouvant à jouer avec un de ses enregistrements sur bande magnétique - intense moment d'émotion et de dialogue avec soi-même; et une lamentation pour soprano solo, Djamila Boupacha, oeuvre totalement déchirante, défendu avec une conviction et une sûreté vocale exceptionnelles par Barbara Hannigan.

TOP 10: 10. Vie et destin à la MC 93


Une belle adaptation, par Lev Dodine et la troupe du théâtre Maly de Saint-Pétersbourg, du roman chef d'oeuvre de Vassili Grossman, sorte de Guerre et Paix du XXème siècle, où les personnages sont broyés par leur destin, marqué par la guerre, cette guerre à mort entre l'Allemagne et l'Union soviétique, et les horreurs du stalinisme, avec en toile de fond l'antisémitisme croissant du régime de Staline. Un décor unique, les scènes s'enchaînant avec fluidité, des comédiens défendant avec conviction la théâtralité de ce roman, et surtout de l'émotion, intense à la fin, mais présente tout au long de la pièce, avec la lettre d'adieu d'une mère à son fils, écrite dans le ghetto de Berdychev, et déclamée par la bouleversante Tatiana Chestakova.