lundi 8 mars 2010

A dormir debout (La Sonnambula, Opéra Bastille, 18 février 2010)


Evelino Pidò Direction musicale
Marco Arturo Marelli Mise en scène, décors et lumières
Dagmar Niefind Costumes
Patrick Marie Aubert Chef du Chœur


Michele Pertusi Il Conte Rodolfo
Cornelia Oncioiu Teresa
Natalie Dessay Amina
Javier Camarena Elvino
Marie-Adeline Henry Lisa
Nahuel Di Pierro Alessio

Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris
Coproduction du Staatsoper de Vienne et du Royal Opera House, Covent Garden, Londres

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"Mesdames et Messieurs, Natalie Dessay est aphone. La suite de la représentation est donc annulée."
L'Opéra de Paris, auto-proclamé opéra international, a donc été incapable de trouver une doublure à Natalie Dessay, qui était pourtant annoncée souffrante depuis la répétition générale 3 semaines plus tôt! Et le public rentre chez lui, penaud, sans protester, comme si c'était normal, après l'entracte, le ventre repus de petits sandwiches et de champagne...

Pour ma part, je n'aurais jamais pensé être soulagé qu'une représentation d'opéra n'arrive pas à son terme. Mais là, il fallait arrêter les frais...
Certes, la mise en scène de Marco Arturo Marelli, plaçant l'intrigue dans un hôtel/sanatorium, n'était pas déplaisante, mais elle n'apportait rien de nouveau, tant elle manquait d'animation dans son décor unique.
A côté de cela, Evelino Pidò poursuivait son travail de massacre en règle du répertoire belcantiste: aucune variété dans les phrasés, aucune nuance, aucune respiration, aucune souplesse dans les tempi, une oeuvre comme La Sonnambula ne pouvait que tomber dans le piège de la monotonie sous ses mains (in)expertes!
Quant à la distribution, si elle n'était pas indigne, elle ne comportait rien de vraiment remarquable, si ce n'est la Lisa de Marie-Adeline Henry qui donnait du relief à son personnage; à côté d'elle, Michele Pertusi compensait par son métier et sa connaissance du répertoire une voix plutôt banale, de couleur grise, peu projetée. Et Javier Camarena, malgré de belles tentatives de nuances, peinait à faire exister son personnage d'Elvino, avec beaucoup de serrages dans le haut de la tessiture, très sollicité.

Dès son entrée en scène, retardée (la représentation a commencé avec 15 minutes de retard), on voit bien que Natalie Dessay n'y est pas. Elle semble désabusée sur scène, y allant comme à un enterrement. Et c'est surtout son état vocal qui préoccupe. Certes, elle était annoncée souffrante, mais comment ne pas être plus inquiet (que temporairement) devant un médium voilé par un importnt souffle d'air, un grave systématiquement craqué, et des suraigus obtenus en criant, grâce à des efforts surhumains? Seules quelques belles notes dans le haut médium et dans l'aigu, quelques phrasés lunaires, entretiennent un espoir vite déçu à l'entracte. Oui, c'est surtout l'état vocal de la chanteuse qui préoccupe: les cordes vocales semblent ne plus s'accoler.

L'annulation des deux dernières représentations de cette Sonnambula, ainsi que de toute la série de Hamlet d'Ambroise Thomas au Met, font évidemment craindre mal plus sérieux. En attendant d'en savoir plus, nous présentons tous nos voeux de rétablissement à cette artiste, en espérant qu'elle saura garder la tête froide devant ce qui lui arrive en ce moment, et à vrai dire, nous inquiète.

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