lundi 25 janvier 2010

Un "War Requiem" presque inoubliable (Salle Pleyel, 20 janvier 2010)



Orchestre de Paris
Choeur de l'Orchestre de Paris*
Maîtrise de Paris**
Ingo Metzmacher : direction
Indra Thomas : soprano
Paul Groves : ténor
Matthias Goerne : basse
Didier Bouture : chefs de choeur*
Geoffroy Jourdain : chefs de choeur*
Patrick Marco : chef de choeur**


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Trente secondes de silence, admirablement respectées par toute une salle, à l'issue du concert...un fait assez rare à Paris pour être souligné. Grâce en soit rendue à Ingo Metzmacher qui, en remarquable spécialiste de la musique du XXème siècle (faut-il rappeler qu'il est aussi compositeur?), donne une lecture remarquablement précise, variée, tantôt fervente, tantôt violente, du sublime War Requiem de Britten. Rarement on a entendu l'Orchestre de Paris aussi concentré de son, aussi concerné, avec autant de cohésion. Le choeur est au diapason, remarquable d'intentions, la réalisation péchant parfois par quelques petits problèmes de mise en place et d'intonation, mais rien de bien répréhensible.
Côté solistes, les hommes furent remarquables, avec un Paul Groves vraiment extraordinaire, vivant, au timbre idéal pour cette écriture, faisant passer beaucoup d'émotion, faisant ressortir de manière extrêmement subtile les détails des poèmes d'Owen, proposant tout un monde dans cette dénonciation de la cruauté humaine; à ses côtés, Matthias Goerne, malgré un anglais un peu "teuton", fait preuve de son habituelle douceur vocale, tout en sachant exploser quand il le faut, nuancé en grand Liedersänger qu'il est, dans une partie solo malheureusement un peu grave pour lui.
Le seul bémol (et de taille) de cette belle soirée fut la soprano Indra Thomas, visage de Shirley Verrett, corpulence (y compris dans cette confiance en soi qu'elle dégage) de Jessye Norman, et hélas voix de Gwyneth Jones en fin de carrière, au vibrato extrêmement creusé et à la stabilité plus que déficiente. Des attaques systématiquement fausses, un style de poissonnière, au bord du cri en permanence, ne compensent pas vraiment une voix aux moyens fascinants, et on en vient à demander à certains journalistes de se calmer, qui la présentent comme la nouvelle Leontyne Price!

Seconde Guerre Mondiale, demandez le plan!

Excellente initiative de Télérama qui, par le truchement d'un de ses critiques cinéma maison, Aurélien Ferenczi, a établi une carte des films de guerre, regroupés (et se recoupant) par thème, par lignée, chronologiquement et localement.
Un parcours assez passionnant et une bonne occasion de découvrir de nouveaux films:
http://www.telerama.fr/cinema/150-films-de-guerre.php#films#films#films

dimanche 24 janvier 2010

Monumenta au Grand Palais: Christian Boltanski


Un grand mur coupe immédiatement l'entrée, mur constellé de casiers, éclairé faiblement...Dans la Nef du Grand Palais, glaciale en cette journée d'inauguration, des vêtements soigneusement disposés en carrés, entourés de poteaux reliés par des fils, au bruit incessant de coeurs qui battent...Plus impressionnant encore (voir photo), un grand tas de vêtements. A quoi penser, sinon à la Shoah? Les casiers peuvent contenir des affaires, des dents en or; les carrés de vêtements seraient des baraquements, et les coeurs qui battent seraient une façon de dire que, malgré le processus de déshumanisation en oeuvre, rien n'y fait: ce sont bien des hommes qui sont là, toujours vivants. Quelle puissance! Je précise que je suis ironique. Ces coeurs me dérangent particulièrement: j'y vois comme un rappel, une insistance, que la Shoah était une réalité. Comme si je ne le savais pas. Je trouve cela quasi indécent.

Se cacher derrière un message et un sujet totalement intouchables, voilà l'audace de Christian Boltanski! Car où est l'artiste, où est son point de vue, où est sa sincérité? On la cherche vainement, en ressentant un malaise certain devant cette installation. Malaise de ne ressentir aucun sentiment, encore moins de l'empathie, pour les victimes auxquelles Boltanski prétend rendre hommage. Malaise de voir un sujet aussi grave et aussi complexe traité de manière aussi simpliste et impersonnelle. Malaise de devoir s'expliquer, se justifier, de ne pas avoir tellement apprécié cette édition de Monumenta. Car il FAUT aimer.

Certes, quelques images sont impressionnantes: ce mur à l'entrée, et ce tas de vêtements. Mais l'effet (y compris au niveau des dimensions) est totalement gommé par la présence du public...On se prend à "rêver" de pouvoir voir cette installation absolument tout seul...Puis l'on s'en retourne péniblement chez soi, se disant qu'on n'est qu'un sale élitiste snob.

Deuxième coup de craie de Beckmesser en peu de temps: attention, je redeviens méchant!

Werther's original

Un petit article toujours aussi délicieux venu de nos amis d'Outre-Manche..."vaut la visite", en français dans le texte.
Un goût et un style très sûrs, à ce qu'on dirait! Le Werther de Kaufmann n'est pas passé totalement inaperçu, contrairement à la production de Benoît Jacquot que les Anglais semblent (avec la malice qui convient...) heureux de nous avoir vendus!

http://entertainment.timesonline.co.uk/tol/arts_and_entertainment/stage/opera/article6995775.ece