lundi 3 janvier 2011

Anja Harteros, la nouvelle Divina?

Les similitudes avec Maria Callas ne s'arrêtent décidément pas aux origines grecques de la merveilleuse Anja Harteros: il y a une classe, un maintien, mais aussi une émotion à fleur de peau, qui rappellent la Divina.
A Baden-Baden, pour le gala du Nouvel An, la cantatrice allemande nous en apporte une nouvelle preuve, avec un "Vissi d'arte" d'une sensibilité inouïe, un des plus beau que j'aie entendu personnellement, a fortiori ces dernières années!


dimanche 2 janvier 2011

Fin 2010 en bref...

BONNE ANNEE 2011 à toutes et à tous! Santé, bonheur, découvertes, rencontres, mais aussi joies musicales et culturelles!

En attendant de ré-attaquer 2011, et en espérant que cette année me laissera plus de temps pour poster ici, je vais tenter de revenir le plus brièvement possible (en faisant quelques zooms par la suite) sur les concerts et spectacles auxquels j'ai assisté fin 2010.

Nous nous étions arrêtés à la mi-octobre avec la prestation mitigée de Jonas Kaufmann au TCE.

Le 20 octobre fut l'occasion d'assister au concert symphonique de ma vie: la 9ème symphonie de Mahler dirigée par Claudio Abbado. Cela fera l'objet d'un petit focus détaillé!

Côté théâtre, une Noce de Tchekhov hystérique et échevelée, mais très plaisante (Théâtre des Abbesses, 23/10); de très prometteurs comédiens du Cours Florent interprétant une pièce pleine de verve et d'esprit de Pierre Notte, Journalistes (1/11); d'excellentes Funérailles d'hiver de Hanokh Levin, superbement servie par des comédiens désopilants et un bon cru de Laurent Pelly (Théâtre du Rond-Point, 26/11); un "récital" d'humour confinant à l'absurde par le très talentueux Ben (Théâtre de la République, 7/12); enfin, pour finir l'année, deux très belles réussites, Victor Hugo mon amour (Comédie-Bastille, 29/12) sur la correspondance amoureuse entre Hugo et Juliette Drouet, et Rêve d'automne de Jon Fosse (Théâtre de la Ville, 30/12), magnifié par la mise en scène exceptionnelle de précision, de fluidité et de densité, de Patrice Chéreau, ainsi que par des comédiens fabuleux, Valeria Bruni-Tedeschi et Bulle Ogier en tête.

Entre théâtre et musique, l'expérience fut contrastée, entre ratage complet et réussite totale; Une flûte par Peter Brook, aux Bouffes-du-Nord (24/11), mettait à mal à la fois Mozart, la densité de l'oeuvre et les chanteurs en les forçant à susurrer pianissimo sur une musique et un théâtre non seulement dégraissé mais vidé de sa substance. Aux antipodes, My fair Lady au Théâtre du Châtelet (23/12), dans l'élégante mise en scène de Robert Carsen, s'avérait un très bon moment, aussi bien musical que théâtral, et pas uniquement grâce à la période de Noël qui s'approchait!

Du côté de l'opéra, pas grand-chose à se mettre sous la dent à Paris, à mon plus grand regret: un très morne Trittico de Puccini à l'Opéra-Bastille (25/10), vériste dans le mauvais sens du terme, freiné par la direction timide de Philippe Jordan et plombé par la mise en scène laide et sans idée de Luca Ronconi; une décevante version de concert d'Alcina de Händel où seule Anja Harteros (pourtant elle-même décevante) surnageait d'une distribution pas vraiment idéale (frissons d'horreur avec le Ruggiero de Vesselina Kasarova) et d'une direction d'orchestre de Minkowski narcissique et tapageuse (TCE, 29/11). Même une répétition générale de Mathis der Maler, très attendu (Opéra-Bastille, 13/11), n'allait malheureusement pas me satisfaire pleinement. L'oeuvre est intéressante, la distribution aussi, mais la direction d'orchestre d'Eschenbach est trop prosaïque et fortissimo, et où on a connu Olivier Py plus inspiré, plus concerné oserais-je dire, et moins sage! Belle satisfaction par contre avec l'ingénieuse et vive mise en scène de David McVicar pour Orlando de Haendel, plein d'esprit des Lumières, mais côté "face cachée" (Zoroastre, Les liaisons dangereuses, Cagliostro...), compensant une distribution honorable mais pas marquante (Théâtre des Champs-Elysées, 3/11).
Il fallait aller à l'étranger pour trouver des satisfactions lyriques du niveau de celles que j'ai eu à Paris jusqu'à il y a 2 ans (ce temps me paraît si loin!): Lulu de Berg au Liceu de Barcelone (7/11), où Olivier Py s'est totalement renouvelé et Patricia Petibon a trouvé le rôle de sa vie, au milieu d'une distribution quasi parfaite; et The Rake's Progress de Stravinsky au Schillertheater de Berlin (le 15/12), où Krzysztof Warlikowski reproduit presque le choc de son Macbeth bruxellois, aidé par une révélation (Anna Prohaska) en Anne Trulove et un superbe chef, Ingo Metzmacher, mettant en valeur toutes les beautés de la partition.

Passons en bref aux concerts qui ont émaillé cette fin d'année 2010: belle révélation d'Andriss Nelsons (Cité de la Musique, 29/10) dans un programme Strauss-Mozart passionnant et de bout en bout marqué par de la passion et de la personnalité; Elisabeth Leonskaya (Salle Pleyel, 4/10) en remontre à toute la nouvelle génération de pianistes dans le concerto de Grieg qu'elle éblouit de son charisme et de sa puissance, Paavo Järvi lui emboîte magnifiquement le cas, créant au passage une pièce d'Arvo Pärt et défendant superbement la 3e symphonie de Sibelius; Peter Eötvös, remplaçant Pierre Boulez opéré de la main, confronte avec bonheur des oeuvres de Mantovani, Joneleit et Staud (3 créations en un concert!!! Salle Pleyel, 6/11) et le maître de la musique contemporaine, Schönberg; Paavo Järvi poursuit sa défense du répertoire nordique et russe avec un superbe et rare programme Sibelius-Chostakovitch-Prokofiev et le concours du fantsque Steven Isserlis (Salle Pleyel, 10/11); Sylvain Cambreling confirme que, malgré les critiques, il est un grand chef, surtout dans le répertoire contemporain (ici, Lachenmann) et chez Bruckner, avec une symphonie n°3 incandescente (Pleyel, 12/11); Colin Davis est aussi pour moi un des grands chefs actuels, ce qui se confirme avec une miraculeuse "Ecossaise" de Mendelssohn, malheureusement légèrement ternie par un concerto de Brahms où le violoniste Nikolaj Znaider multiplie les errements, de style et d'intonation (Pleyel, 14/11); on est à l'opposé de ces errements avec le très probe Stephen Kovacevich, toujours aussi généreux en nuances et subtilités, à l'unisson du chef de ce soir-là, David Zinman qui dirige notamment une "Grande" de Schubert à l'optimisme communicatif (Pleyel, 17/11); même adéquation stylistique pour le duo entre Jean-Efflam Bavouzet et Lawrence Foster, défenseurs ardents du répertoire français (Pleyel, 19/11); Yvonne Naef fait découvrir de sa voix chaude et sensuelle des Lieder de Zemlinsky, merveilleusement accompagnée par Alan Gilbert très à son aise, précis et souple, également dans Pelléas et Mélisande de Schönberg (Pleyel, 27/11); un répertoire magnifié par Peter Hirsch, Peter Mattei et Angela Denoke dans une mémorable Symphonie lyrique du même Zemlinsky (Pleyel, 3/12); et comme pour le théâtre, une fin d'année en fanfare, avec Mariss Jansons et son orchestre de la Radio bavaroise, interprétant une éblouissante 9e symphonie de Chostakovitch, et une très élégante 4e de Mahler, où la justesse de ton est toujours exceptionnelle (TCE, 18/12).

Du côté des récitals, peu de choses en commun entre un Bryn Terfel plus "bon garçon" que "bad boy", sympathique, personnel, dynamique, mais ne pouvant masquer ses problèmes vocaux (projection désormais limitée, aigu élimé) dans un programme bizarrement conçu (Pleyel, 5/11); un Yundi Li parfaitement huilé mais manquant cruellement d'émotion dans son Chopin (Pleyel, 9/11); une Mitsuko Uchida dont le sens de la construction et la personnalité très affirmée ne permet pas toujours de masquer quelques difficultés techniques (TCE, 10/12); et une Cecilia Bartoli qui donne une véritable leçon de bel canto baroque dans un récital Händel éblouissant, d'un aboutissement extraordinaire; point culminant, un "Ah mio cor" d'anthologie, où le temps est comme suspendu (Pleyel, 19/12).

ENCORE UNE BONNE ANNEE A TOUS!!!