dimanche 6 mars 2011

Une cure de jouvence (Début de l'intégrale des symphonies de Beethoven, Bernard Haitink- Salle Pleyel, 18 et 19 janvier 2011)


Chamber Orchestra of Europe - Bernard Haitink

mardi 18/01 2011 20:00

  • Chamber Orchestra of Europe
  • Bernard Haitink : direction

PROGRAMME

  • Ludwig van Beethoven
  • Ouverture de Fidelio
  • Symphonie n° 8
  • Entracte
  • Ludwig van Beethoven
  • Symphonie n° 5
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Chamber Orchestra of Europe - Bernard Haitink

mercredi 19/01 2011 20:00

  • Chamber Orchestra of Europe
  • Bernard Haitink : direction

PROGRAMME

  • Ludwig van Beethoven
  • Symphonie n° 2
  • Entracte
  • Ludwig van Beethoven
  • Symphonie n° 3 "Eroica"
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Décidément, les "vieux renards" ont plus d'un tour dans leur sac! A l'image d'un Karl Böhm insufflant à la Femme sans Ombre une vitalité toute juvénile (écouter pour cela l'extraordinaire live de l'Opéra de Vienne en 1977), Bernard Haitink semble rajeunir avec les années. Sa battue claire et précise, son sens des couleurs, de l'équilibre des plans sonores, s'allient assez idéalement pendant ces deux magnifiques soirées à un allant et une ardeur, une légèreté de ton, dans la lignée de son intégrale "dégraissée" avec un orchestre plus important, le London Symphony Orchestra.

Le Chamber Orchestra of Europe, manifestement très enthousiaste d'être dirigée par le chef néerlandais, n'est pas la formation du siècle: de magnifiques couleurs, notamment chez les vents (les clarinettes!) ne font pas oublier quelques jolis couacs du côté des cuivres. Mais qu'à cela ne tienne, Haitink tire cet orchestre à son maximum, certes pas dans une ouverture de Fidelio imprécise, qui se cherche, mais dans les symphonies les plus classiques, la 2ème, ainsi que la 8ème. La clarté voulue par le chef néerlandais prend tout son sens, rappelant combien le compositeur de Bonn doit à Haydn et bien évidemment aussi à Mozart.

Dans les symphonies plus "telluriques", la 5ème comme la 3ème, cette option peut prêter à discussion, notamment dans le premier mouvement de la 5ème et la fameuse Marcia funebre de l'Héroïque. On peut préférer, moi le premier, des conceptions plus "jusqu'au-boutistes", qui vont plus loin dans l'expression du drame, dans la brutalité, dans l'émotion: Haenchen dans une 5ème implacable, Dohnanyi dans une 3ème bouleversante, pour ne parler que de chefs récemment passés dans la même salle. Force est de se dire que par moments, l'approche de Haitink, rayonnante, frise le contre-sens. Mais quel foisonnement de couleurs, quelle énergie, quelle classe, quel refus de la facilité, du clinquant, dans des mouvements finaux qui peuvent être très piégeux chez Beethoven! Et quelle admirable maîtrise tout au long de ces deux soirées: la battue très précise, très sobre, du chef, est au diapason d'une interprétation qui restera comme un des grands moments de la saison.

On a très hâte de retrouver ce chef et cet orchestre (si, si!) dans la suite de l'intégrale des symphonies de Beethoven, qui se profile la saison prochaine.