mercredi 22 septembre 2010

Début en fanfare, mais pas seulement (8ème symphonie de Mahler, dir.Valery Gergiev - Salle Pleyel, 8 septembre 2010)





Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg - Valery Gergiev

mercredi 08/09 2010 20:00

  • Orchestre du Théâtre Mariinsky
  • Choeur du Théâtre Mariinsky
  • The Choir of Eltham College
  • Valery Gergiev : direction
  • Viktoria Yastrybeva : soprano
  • Anastasia Kalagina : soprano
  • Lyudmila Dudinova : soprano
  • Nadezhda Serdyuk : mezzo
  • Zlata Bulycheva : mezzo
  • Sergei Semishkur : ténor
  • Vladimir Moroz : baryton
  • Vadim Kravets : basse
  • Andreï Petrenko : chef de choeur
  • Marina Mishuk : chef de chant

PROGRAMME

  • Gustav Mahler
  • Symphonie n° 8 "Symphonie des mille"
----------------------------------------------------

Pour lancer une saison définitivement placée sous le signe de Mahler (nous sommes trop paresseux pour faire le compte exact des concerts et intégrales Mahler à Paris), quoi de plus exaltant et de plus risqué aussi que de commencer par la symphonie n°8 dite "des mille"? Exaltante, cette oeuvre l'est, par ses dimensions pharaoniques, son orchestration volumineuse, la présence d'un choeur immense, d'une multitude de solistes et même d'un choeur d'enfants! En même temps, la part de risque est importante: comment faire tirer tout le monde (enfants, choeurs, solistes, orchestre) dans le même sens? Comment rendre justice à la volonté de Mahler d'embrasser à la fois le sacré (première partie sur le "Veni creator") et le profane (seconde partie sur le mythe de Faust), le terrien et le céleste, dans un geste épique et contrasté extraordinaire, le tout sans tomber dans le pompier?

Nos craintes, qui apparaissent dès les premières mesures, entamées tambour battant ("l'ensemble tiendra-t-il le rythme et le niveau d'intensité?"), sont très vite dissipées, car Valery Gergiev est décidément un maître du contre-pied. Là où on l'attend superficiel, il peut se révéler introspectif. Là où on l'attend pompier, il prend un plaisir fou à mettre en valeur le moindre détail, la moindre "accalmie" dans cette symphonie qui emporte tout sur son passage, le tout avec une hauteur de vue stupéfiante, et une théâtralité (qu'on lui connaît) impressionnante. L'orchestre du Mariinsky, qu'il a façonné, est le compagnon idéal pour le début de cette intégrale Mahler qui promet d'être passionnante: un son très homogène, une mise en valeur des couleurs chères au chef ossète, un gros travail sur les accents, la copie est (presque) parfaite. Si le choeur est parfois poussé à ses limites, il se sort incroyablement de tous les pièges de cette écriture impossible. Quant aux solistes, tous jeunes, ils voient émerger deux talents à suivre: la soprano Anastasia Kalagina, éblouissante de facilité, voix veloutée qui passe sans aucune peine l'orchestre rutilant, et le ténor Sergei Semishkur, à l'endurance et aux aigus impressionnants.

Une magnifique soirée de rentrée, qui lance idéalement une saison prestigieuse.

Aucun commentaire: