mercredi 29 septembre 2010

Déception (Boris Berezovsky, Salle Pleyel, 18 septembre 2010)



  • Boris Berezovsky : piano

PROGRAMME

  • Franz Schubert
  • Wanderer - Fantaisie en ut majeur D 760, op. 15
  • Sergueï Rachmaninov
  • Six Moments musicaux op. 16 (extraits) Moments 2, 4, 5, 6
  • Entracte
  • Nikolaï Medtner
  • Sonate op. 25 n° 2 "Le Vent nocturne"
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Boris Berezovsky était-il légèrement souffrant? Cette interrogation m'a traversé l'esprit, tant j'ai trouvé le pianiste russe peu à son aise, comme ailleurs par moments, pendant ce concert.

Le style schubertien, la légèreté, la transparence, étaient absents d'une Wanderer-Fantasie quelque peu pachydermique, noyée sous un abus de pédale gauche, trop dramatique, tirant trop vers Beethoven - était-ce vraiment un service à rendre à cette oeuvre?
La suite allait voir Berezovsky davantage dans son élément, avec quelques Moments musicaux de Rachmaninov; cela ce sent dès le n°2, où le pianiste fait preuve d'une belle clarté structurelle, et se montre plus à l'aise dans les passages de révolte que dans les passages plus élégiaques; le n°4 fait valoir sa formidable main gauche; quant au n°5, s'il est un peu expédié et manque d'intériorité, il ne manque pas d'atouts, avec de belles sonorités cristallines et une mise en valeur fort à propos des originalités harmoniques vers la fin; le n°6 est dense, touffu, triomphal, le pianiste construit une monumentale cathédrale sonore, mais manque son rendez-vous avec la rêverie de la partie intermédiaire, tout en commettant quelques approximations.

Après l'entracte, Berezovsky, partition sous les yeux, réussit la gageure de restituer l'unité d'une oeuvre incroyablement complexe, la sonate op.25 n°2 de Nikolaï Medtner, enchevêtrement enchaîné de mouvements, de couleurs, d'accents, de sonorités proches d'un Rachmaninov, et bien restituées. Cependant, à aucun moment, l'émotion n'affleure, et l'on ne dépasse que rarement le stade de la prouesse technique.

Le décalage entre les réactions du public et l'attitude de l'artiste (manifestement pressé d'en finir; d'ailleurs, il ne jouera aucun rappel) confirme mon impression de malaise, symbole de la déception que peut apporter un grand nom.

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