Impressions werthériennes (Opéra Bastille, 17 janvier 2010)
Trois jours après la première représentation, Jonas Kaufmann est encore plus exceptionnel: toutes les qualitées relevées le 14 sont bel et bien présentes, avec en plus, du son, quasiment deux fois plus! Que demander de plus? D'emblée, le ténor allemand se présente comme le plus grand Werther de sa génération, et osons le dire, un des plus grands Werther dans l'absolu. L'incarnation, scénique comme musicale, est absolument prodigieuse, et l'ovation que lui accorde le public parisien, d'habitude un peu timide, est à la hauteur de la performance. Les impressions sur les autres chanteurs sont les mêmes, si ce n'est que Sophie Koch a vraisemblablement lu les critiques: elle appuie un peu davantage son grave, commence doucement mais se fait très émouvante, se lâchant littéralement à partir de la moitié de l'air des lettres. La direction de Michel Plasson fut encore plus intéressante que lors de première, entraînant le spectateur dans une ambiance funèbre pour ne pas le lâcher, avec une mise en valeur de certains détails faisant froid dans le dos: lorsque Charlotte parle des enfants qui demandent "pourquoi les hommes en noir ont emporté maman", les cordes en quasi glissandi, sans aucun vibrato, glacent le sang; le prélude de l'acte IV, avec cette tristesse absolue, ce déchaînement des éléments, est un modèle du genre... La production signée Benoît Jacquot a paru encore plus vide que lors de la première, ou se perdant dans la grande salle de Bastille; il sera intéressant à cet égard de regarder la captation télévisée mardi 26 janvier sur Arte, réglée par le réalisateur, pour se faire une idée plus précise de ses intentions, qui paraissent pourtant assez justes quand elles sont visibles.
A noter que ce soir mercredi 20 janvier, Jonas Kaufmann est remplacé par le ténor américain Andrew Richards, que le public parisien a pu voir en Don José à l'Opéra Comique la saison dernière. Voici un aperçu de son Werther:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire