Une affiche prestigieuse qui a tenu toutes ses promesses, dans les ors de Covent Garden, qui ont connu 51 ans plus tôt une production de Don Carlo de légende, réglée par Visconti, avec Jon Vickers, Gré Brouwenstijn, Tito Gobbi et Boris Christoff, entre autres. Eh bien l'équipe réunie à Londres prouve qu'il est possible de distribuer, et magnifiquement, un grand Verdi de nos jours!
Jonas Kaufmann est éblouissant dans le rôle titre, si fin musicien, si nuancé, si à fleur de peau, si magnifique dans son incarnation, si noble aussi...trop parfait? On sent davantage la sensibilité que la fêlure originelle. Mais que de sortilèges dans son chant! Et se plaindra-t-on d'avoir un chanteur trop parfait? A côté de lui, la révélation Marina Poplavskaya, en très gros progrès, port de reine, voix ample et veloutée; Simon Keenlyside en forme exceptionnelle, débordant de vie, de conviction, d'insolence, rendant Posa passionnant de bout en bout; Marianne Cornetti rend entière justice à la tessiture meurtrière et à l'écriture dramatique d'Eboli, assumées avec une arrogance vocale exceptionnelle. Seul point faible de la distribution, Ferrucio Furlanetto qui, s'il connaît son rôle sur le bout des doigts, ne peut camoufler le poids des ans et l'incapacité à se "tenir" stylistiquement au même niveau (exceptionnel il est vrai) que les autres protagonistes. Bychkov sait montrer les mille détails et subtilités de la partition orchestrale, trop sous-estimée encore, et porte les chanteurs à un niveau unique. Une production de Nicholas Hytner qui ne restera pas dans les annales, mais au moins est bien dirigée, et fait exister chaque personnage.
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