Très beau concert pour commencer l'année 2010 des concerts à Pleyel. Une première partie de programme consacrée à Wagner et à sa relation aux femmes: tout d'abord, Siegfried-Idyll, composé pour l'anniversaire de Cosima, puis les Wesendonck-Lieder, sur des poèmes de Mathilde Wesendonck, qui inspira comme on le sait Tristan et Isolde au compositeur allemand. Dès les premières mesures de Siegfried-Idyll, on est frappé par la beauté des couleurs de cet orchestre du Festival de Budapest qui ne cesse de progresser, des couleurs quasi-mahlériennes (on connaît l'amour d'Ivan Fischer pour Mahler dont il enregistre peu à peu toutes les symphonies), très Mitteleuropa, avec beaucoup de présence des bois, des cordes tantôt épaisses, tantôt claires, une grande précision rythmique, un travail sur les accents assez phénoménal, et un geste embrassant l'oeuvre en la tirant littéralement vers la Tétralogie, dont elle retrace quelques thèmes, notamment du duo final Brünnhilde-Siegfried dans Siegfried.
Le concert poursuit sur les mêmes bases élevées, avec des Wesendonck-Lieder aussi ambitieux à l'orchestre, ce dernier quittant son rôle d'accompagnateur (même s'il s'en acquitte très bien) pour jouer un rôle de véritable personnage dans ces déclarations d'amour infini qui esquissent le long duo d'amour de l'acte II de Tristan. Hélas, Petra Lang, si elle rend justice à l'exigence vocale de ces Lieder, n'est pas totalement au diapason interprétatif de l'orchestre - elle reste trop monotone, trop homogène vocalement, son interprétation manque de relief, d'accentuation du texte, là où l'orchestre déploie des trésors de subtilité.
La deuxième partie est consacrée à Petrouchka de Stravinsky, où se déploie un véritable festival de couleurs, d'accents, de précision rythmique, de caractère burlesque, ce qui rend l'interprétation totalement irrésistible et fait chavirer la salle. Décidément, l'orchestre du Festival de Budapest et son chef Ivan Fischer font partie des tous meilleurs.
Un bis virtuosissime d'Ernst von Dohnanyi nous en offre la confirmation. Et que le chef est beau à voir diriger, couvant ses musiciens d'un regard plein d'amour et de confiance!
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